Forêt nourricière
La forêt nourricière est un concept d’aménagement comestible innovateur et accessible. Un îlot de forêt nourricière est un aménagement composé de plusieurs couches dont les arbres, arbustes, herbacées, plantes grimpantes et couvre-sols. Le design est basé sur les principes de la permaculture, une science qui permet d’avoir une culture permanente et autonome en s’inspirant des écosystèmes naturels. Dans l’aménagement, l’emplacement de chacun des végétaux est choisi selon ses fonctions biologiques et des interactions bénéfiques qu’ils ont entre eux, comme les fixateurs d’azote, les accumulateurs dynamiques et les plantes aromatiques. Tous les végétaux utilisés dans l’aménagement ont une composante de nourriture ou des propriétés médicinales et ils sont tous vivaces, c’est-à-dire qu’ils repoussent année après année. On y retrouve des fruits, légumes, noix, fines herbes, fleurs comestibles, épices et tisanes. La forêt nourricière est un écosystème nourricier biologiquement durable dans le temps, élaboré et entretenu de façon biologique, sans utilisation d’herbicide ou de pesticide chimiques, en cohérence avec le respect de l’environnement et de sa biodiversité. Ainsi, elle pourra répondre aux besoins des générations futures. L’entretien nécessaire diminuera au fur et à mesure que l’équilibre s’installera entre les végétaux.
En collaboration avec la municipalité, l’organisme environnemental EURÊKO!, différents comités citoyens existants dans la collectivité et des entreprises du milieu, nous désirons aménager sur un terrain public une grande forêt nourricière composée de nombreux végétaux comestibles qui seront disponibles pour tous les citoyens. Les citoyens seront au cœur du projet et pourront s’impliquer dans chacune des étapes. Plusieurs activités éducatives sont également prévues afin que les citoyens puissent développer un sentiment d’appartenance envers la forêt nourricière et s’approprier les végétaux (apprendre à les connaitre, les cuisiner, les transformer, les entretenir et les multiplier).
En plus de fournir des aliments pour la population, ce projet d’agriculture urbaine permet de promouvoir les saines habitudes de vie et le jardinage écologique. Il encourage les citoyens à augmenter leur consommation de fruits et légumes sains et produits dans un système agroalimentaire durable et local, c’est-à-dire qu’autant la production, la transformation, la distribution que la consommation ne portent préjudice à l’environnement 7. De plus, il favorise l’implication sociale, participe à l’éducation de la population à propos des végétaux comestibles, amène de nombreux bénéfices environnementaux et transforme des espaces inutilisés en source de nourriture. La forêt nourricière est une façon de contrer le gaspillage alimentaire, la mauvaise utilisation des sols, la pollution maraîchère et la production de masse car, implicitement, les utilisateurs seront invités à consommer les fruits de la forêt en fonction de leurs besoins réels. C’est un engagement significatif et concret en matière de création d’environnements favorables à l’alimentation, à un mode de vie physiquement actif et à la prévention des problèmes reliés à une mauvaise alimentation.
En se basant sur le principe que les environnements agissent sur les individus et que les individus modulent aussi les environnements, la municipalité a le pouvoir d’agir sur la qualité de vie de ses citoyens comme l’individu a le pouvoir d’influer sur sa propre santé. En cohérence avec la subsidiarité, notre projet vise donc à créer un milieu ainsi qu’à se doter de ressources facilitant cette prise en charge individuelle et collective. Ainsi, nous désirons permettre aux citoyens d’acquérir des connaissances et une confiance en soi qui les stimulent à être plus autonomes dans leur vie de tous les jours, notamment en ce qui concerne leur alimentation. C’est pourquoi nous avons sollicité l’appui et la participation du plus grand nombre d’individus, d’entreprises, de comités ou d’associations possible dans le but d’être représentatif de la population. Le terrain choisi pour l’aménagement de la forêt nourricière appartient à la municipalité. Il est situé au cœur de la municipalité de Girardville, à proximité de l’école primaire, d’une garderie et d’une résidence de personnes âgées. Il se trouve à coté d’un parc de jeux d’eau et d’un terrain de pétanque. De plus, il est orienté plein sud et possède déjà des arbres matures qui feront un brise-vent naturel protégeant la forêt nourricière des vents du nord.
Globalement, le projet est en phase avec la démarche Prendre soin de notre monde en contribuant à l’amélioration de la qualité de vie des citoyens de Girardville par une démarche consultative regroupant divers partenaires.
Le projet contribue à offrir un environnement favorable à la santé en rendant accessible facilement des aliments à haute valeur nutritive, en aménageant un sentier et en offrant des cliniques éducatives. Ainsi, la mise en place d’une forêt nourricière contribue à une saine alimentation, à un mode de vie physiquement actif et à la prévention des problèmes reliés au poids. Évidemment, pour la population, il s’agit d’un endroit intéressant pour marcher et pour amener ses enfants, petits-enfants ou ses parents. Le secteur est à proximité d’une école primaire, d’une garderie et d’un centre pour personnes âgées, créant un lieu de rencontre intergénérationnel où chacun peut y trouver son compte. Connexes au site choisi, on retrouve les jeux d’eau ainsi qu’un terrain de pétanque où les jeunes et moins jeunes sont appelés à bouger. La municipalité prévoit aussi y déménager la maison du Tourisme. Ce faisant, les gens de la municipalité pourront peut-être y faire des rencontres multiethniques.
Le fait que le projet ait un impact sur l’environnement physique, socioculturel, politique et économique en augmente sa portée. En effet, la mise en place d’une forêt nourricière crée un lieu intéressant où il fait bon vivre (physique) peu importe l’âge (socioculturel). De plus, ce projet intergénérationnel est souhaité et appuyé par plusieurs acteurs autant publics que privés (politique, économique) qui, par leur concertation et leur partenariat, contribuent à réduire les inégalités sociales 7. Enfin, le fait d’avoir plusieurs collaborateurs et personnes bénévoles permet de générer des économies qui peuvent ensuite être réinvesties dans le projet (économique).
Le document Coup d’œil sur les communautés du Saguenay-Lac-Saint-Jean (caractérisation) fait mention de « faire la promotion du village ». Dans cette optique, un tel projet pourrait contribuer à freiner, voire renverser la tendance de diminution du nombre d’habitants en améliorant la qualité de vie des citoyens. L’implantation d’une forêt nourricière peut également attirer de nouveaux arrivants ayant pour priorité de s’établir dans une communauté dynamique ayant à cœur le bien-être et la santé de ses citoyens.
Le projet vise à améliorer la santé de la population en agissant sur différents enjeux qui représentent des défis importants pour le système de santé :
- Les inégalités sociales de santé : 15 % de la population de Girardville est considérée à faible revenu en 20104. Sur le territoire Maria-Chapdelaine, le risque de vivre une situation d’insécurité alimentaire est de 14 %1. Ce projet contribue à contrer partiellement cette problématique en rendant accessibles et disponibles gratuitement les aliments de la forêt nourricière pour tous les citoyens. Cela renforcera conséquemment le filet de sécurité sociale et économique de la municipalité. C’est aussi un outil qui permettra de reconnecter la population avec les aliments qu’ils consomment, et de les initier graduellement aux aléas du jardinage et de l’horticulture, puis ultimement, à la permaculture. De plus, la forêt nourricière sera une pouponnière à végétaux vivaces. C’est-à-dire que dans les prochaines années, la plupart des végétaux pourront facilement être multipliés gratuitement. Ainsi, les gens pourront prélever des végétaux dans la forêt nourricière et les transplanter sur leur propre terrain. Pour chaque ménage bénéficiant de la forêt nourricière, l’économie engendrée bonifiera son pouvoir d’achat pour des aliments de meilleure valeur nutritive. Considérant que la sécurité alimentaire fait partie de l’environnement de la famille et qu’elle peut avoir un impact important sur le développement de l’enfant 7, la participation des Frimousses, de la garderie La petite Fabrique ainsi que de l’école primaire Notre-Dame-de Lourdes au projet est fondamentale. Le terrain, spécifiquement choisi pour la proximité qu’il offre avec les enfants, facilitera l’accès et la disponibilité des fruits et légumes à ces derniers.
- Les problèmes de santé mentale : Sur le territoire Maria-Chapdelaine en 2013-2014, une personne sur 10 (10%) a été traitée pour un trouble mental1. 1000 personnes de 18 ans et plus déclarent avoir une santé mentale moins bonne que la moyenne2. En plus d’offrir un sentier de marche intéressant, ce projet permet de contrer l’isolement par l’interaction de personnes de toutes les tranches d’âge et peut avoir un impact positif sur la santé mentale. Le verdissement urbain est aussi en lien direct avec la prévention et diminution des symptômes de certaines maladies comme l’anxiété.
- Le fardeau du cancer : Le cancer est la première cause de décès dans la région1. Sachant que la consommation de fruits et légumes est un facteur de protection sur la prévalence de certains cancers, il va de soi qu’éduquer le citoyen grâce à des cliniques éducatives (ateliers d’émondage d’arbres fruitiers, entretien des vivaces, ateliers culinaires, initiation aux plantes boréales, etc.) et rendre accessible facilement et gratuitement des fruits et légumes s’inscrivent dans un cadre de prévention du cancer.
- Les maladies chroniques : En 2012, sur le territoire Maria-Chapdelaine, une personne sur deux déclare souffrir d’au moins une maladie chronique. Ce projet crée un environnement propice à la marche et à la consommation de fruits et légumes, deux éléments inhérents à la promotion des saines habitudes de vie, et donc à la prévention des maladies chroniques.
- Les déterminants de la santé : 26 % de la population de Maria-Chapdelaine est sédentaire dans leur transport et leurs loisirs. De plus, 17 % consomme le nombre de portions recommandées de fruits et légumes1. Ce projet peut avoir un impact sur ces déterminants en plus de contrer l’épidémie d’obésité actuelle.
Sources :
- Portrait Maria-Chapdelaine, Pour améliorer la santé de la population : un petit sommaire de la réalité socio sanitaire du territoire de Maria-Chapdelaine, équipe de surveillance de l’état de santé de la population. DIRECTION DE SANTÉ PUBLIQUE MARS 2017
- Tableau synoptique des indicateurs sociaux sanitaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean
- Environnement favorable à la santé : http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2012/12-289-03.pdf
- Caractérisation, tableaux de bord : http://santesaglac.com/medias/caracteris_communautes/tableaux_bord/Giradville.pdf
- Caractérisation, Services : http://santesaglac.com/medias/caracteris_communautes/Serv_proximite/MC_Girardville.pdf
- Caractérisation, faits saillants : http://santesaglac.com/medias/caracteris_communautes/faits_saillants/FS_Girardville_VF.pdf
- Caractérisation, faits saillants: Cadre de référence en matière de sécurité alimentaire, du Ministère de la Santé et des Services sociaux
http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2008/08-208-01.pdf